Discours des voeux de Marie-Françoise MANIERE, Présidente de l’Unsfa, prononcé le 23 janvier 2014
Télécharger le discours des voeux au format PDF
Bonsoir,
Malgré mon expérience maintenant établie pour ce type de manifestations, je me réjouis de constater que l’Unsfa réunit une assemblée toujours plus nombreuse.
Cela nous donne chaud au cœur et nous motive pour continuer à défendre les architectes et promouvoir l’architecture.
L’année 2013 a été riche en actualités
Il y a eu en novembre, le renouvellement des conseillers de l’Ordre des architectes, et je félicite Catherine Jacquot pour son élection à la présidence.
Je souhaite la poursuite d’une saine collaboration entre nous, chacun dans nos domaines de compétences, pour faire grandir l’architecture, et, sur le plan syndical, pou donner à toute la profession de solides moyens et de nouvelles perspectives.
J’aurais aimé ne pas avoir à évoquer la crise économique, mais celle-ci, loin de se terminer, pèse de plus en plus. Avec pour corollaire, la tentation pour chacun du repli sur soi pour défendre son pré carré.
C’est une illusion de croire que c’est l’unique moyen de survivre.
L’Union est notre force et, seul notre rassemblement permet de mener des combats efficaces et d’obtenir des résultats à la hauteur de ses ambitions.
Avec l’ensemble de nos syndicats locaux, nous allons lancer le 12 février une action sur tout le territoire contre le dumping des honoraires, car l’asphyxie de la maîtrise d’œuvre conduit fatalement à une mauvaise qualité des bâtiments.
Ce fait est vérifié régulièrement et notamment par l’AQC.
N’oublions jamais, et répétons-le sans cesse, que la maîtrise d’œuvre ne représente que 2 % du coût global, mais qu’elle peut faire varier ce coût total de 20 à 30 %.
Dans le cadre de la concertation « objectif 500.000 logements » Cécile Duflot a précisé dans son interview au Moniteur de vendredi dernier, qu’elle « privilégiait une relance qualitative, certes plus longue à produire ses effets mais plus efficace à long terme »
Nous nous associons totalement à cette approche qualitative, contredite par certains participants aux groupes de travail qui ressortent de vieilles recettes, comme l’approche productiviste des chemins de grue, les économies d’échelle ou les modèles.
Nous connaissons l’issue de cette politique : aux milliers de logements voués à la démolition, au mal-être des cités et à la fragmentation de l’espace bâti.
Ces propositions n’ont rien de novatrices et ont pour principale motivation de s’affranchir d’une saine concurrence, d’augmenter les marges bénéficiaires et de suppléer à une maîtrise d’ouvrage qui a abandonné toute ambition culturelle et sociale.
Nous ne pouvons que nous élever contre cela.
Avec les économistes d’UNTEC et les ingénieurs de CINOV, dont je salue et remercie les présidents présents ce soir, nous alertons depuis plusieurs mois les députés, les sénateurs et les ministres sur les risques de concurrence déloyale que peuvent engendrer les Sociétés Publiques d’Ingénierie qui se créent chaque jour.
Nous comprenons que les collectivités aient besoin de structures pour les assister dans leur rôle de maître d’ouvrage, mais non qu’elles se substituent à une maîtrise d’œuvre privée et indépendante.
Elles pratiquent des prix totalement anti-concurrentiels en bénéficiant d’une logistique publique payée par nos impôts. Elles concourent au démantèlement de nos entreprises et font disparaître les emplois de nos collaborateurs compétents et riches de savoir faire.
Ce n’est pas l’emploi public qui crée la richesse, mais ce sont les emplois privés qui financent les services publics.
Nos trois fédérations qui ont initié cette action ont été rejointes par plusieurs autres organisations professionnelles, et nous venons d’adresser ensemble un courrier aux députés et sénateurs demandant que ces structures soient strictement encadrées.
Comme vous le savez, car vous étiez, pour la majorité d’entre vous, présents le 3 octobre dernier, j’étais très en colère contre Aurélie FILIPPETTI, notre Ministre de tutelle. Après avoir annoncé sa venue à notre congrès, elle n’a pas trouvé quelques minutes pour venir saluer les architectes.
Depuis je l’ai longuement rencontrée, et j’ai été heureuse de retrouver dans son discours du 17 décembre, des réponses à certains points que j’avais soulevés.
Et notamment, « qu’il faut accompagner les architectes pour qu’ils soient mieux armés pour structurer et développer leurs agences« . Et « cela implique » :
« d’intervenir sur le champ législatif et réglementaire
de réfléchir ensemble à des outils, des actions et des dispositifs d’accompagnement de différentes natures susceptibles de vous aider à souligner votre rôle d’ensemblier, à valoriser la diversité de vos approches, à renforcer votre présence et à capter de nouveaux marchés ;
de développer le désir d’architecture de nos concitoyens, ».
Nous aurions aimé avoir d’autres réponses plus concrètes comme celle sur l’abaissement du seuil à 150 m² de surface de plancher. Le rapport de septembre 2013 nous est favorable, mais le décret n’est toujours pas modifié.
Nous y avons lu avec inquiétude que les enseignements ne doivent plus se focaliser sur la maîtrise d’œuvre et que les enseignants-praticiens vont se marginaliser.
Nous revendiquons donc dès maintenant :
l’appellation d’un « diplôme en architecture » à l’instar des diplômes de droit
une vraie mise en situation professionnelle permettant l’apprentissage de la maîtrise d’œuvre, pour laquelle nous demandons un système d’aide aux entreprises d’accueil (allègement des charges ou dégrèvement fiscal)
Ce ne sont pas les étudiants qui me désavoueront et je remercie le représentant de Bellastock et Julien Leroy le nouveau président de l’UNEAP de leur venue ce soir.
Nous devons travailler tous ensemble, étudiants, écoles et professionnels pour élaborer des enseignements en adéquation avec l’exercice futur de la maitrise d’œuvre.
Rappelons aussi, encore une fois, notre attachement à la formation continue des architectes avec contrôle de l’Ordre, au même titre que celui de l’assurance, et la prise en compte du plan de formation de nos collaborateurs.
Mais c’est la profession qui doit assurer cette formation continue, et non les écoles d’architecture ou l’Ordre.
Nous nous sommes associés à l’UNAPL sur l’action : « les professions libérales asphyxiées« . Car au-delà de la maitrise d’œuvre, c’est l’ensemble des professions libérales qui est menacé par toute une série de mesures : sur-taxation fiscale, mainmise sur nos caisses d’assurance maladie et de retraite financièrement à l’équilibre, dispositions sociales inacceptables car nous sommes écartés de toutes les négociations.
Je voudrais saluer Michel CHASSANG, le président de l’UNAPL, pour cette formidable action qu’il a initiée, car ce sont encore des idées reçues qu’il faut combattre : les professionnels libéraux ne sont pas des nantis et les architectes encore moins car la moyenne de leurs revenus est maintenant inférieure à celle de leurs salariés …
Mais, comme nous aimons à le répéter, l’Unsfa ne fait pas que s’opposer au laminage de nos conditions d’exercice, elle est aussi force de proposition et d’action.
Ainsi, nous nous inscrivons résolument dans la modernisation de nos outils et notamment dans le BIM.
Pour cela nous avons créé le club » BIM PRESCRIRE » afin de mener une expérience concertée avec des maîtres d’ouvrage, des entreprises, des organismes de qualification et les industriels du club Prescrire. Cette expertise nous permettra de conseiller au mieux nos confrères et de négocier pour eux des solutions financières acceptables.
Cela passe aussi par la rémunération d’une mission « BIM » spécifique que ce soit en marché privé ou en marché public.
Nous avons aussi signé la charte RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) afin que nos clients bénéficient de l’éco-conditionnalité.
Nous avons réclamé que les conditions financières dévolues aux travaux le soient également aux études (crédit d’impôt et taux de TVA).
Je profite de cette soirée pour rappeler que les architectes font de la rénovation depuis toujours, et non depuis que les marchés neufs se raréfient.
Ils ne doivent pas être oubliés des pouvoirs publics, car ils sont détenteurs de très grands savoir-faire. Il est inutile de créer des « ensembliers » pour gérer des « bouquets de travaux », les architectes font cela très bien et depuis longtemps.
Au-delà de simples travaux de rénovation énergétique, ils créent une valeur patrimoniale ajoutée par une conception d’ensemble, génératrice d’une vraie requalification architecturale.
Je voudrais aussi insister sur l’impérieuse nécessité d’une « qualité architecturale » pour tout et pour tous. On la limite trop souvent à « un dessin de façade » ou à du « design ».
Cette qualité architecturale est la synthèse des meilleures réflexions en matière d’usage et de fonctionnement. J’oserai évoquer la notion de « conception universelle ». Elle crée une œuvre originale ancrée dans son site. Elle fait appel aux techniques les plus abouties et les plus performantes. Elle est durable et traversera les époques en gardant ses qualités conceptuelles intrinsèques.
C’est elle qui fera le cadre de vie des citoyens et déterminera leur qualité de vie.
En 2013, l’Unsfa a continué à se développer, et tout principalement dans les syndicats qui ont de fortes actions locales et où chacun trouve aide et soutien.
Merci à vous tous, de faire vivre notre Union Nationale, et je demande aux présidents de nos syndicats, présents ce soir, de s’en faire l’écho auprès de leurs adhérents.
Nous serons vigilants pour défendre les conditions d’exercice de notre métier et personne ne pourra menacer l’exercice de notre profession sans que nous réagissions avec vigueur.
Nous serons toujours présents dans les débats, les discussions et les réunions des multiples instances politiques et techniques. Et j’invite, en particulier, les architectes d’Ile de France à se mobiliser pour conforter cette présence.
De nombreuses commissions se mettent en place pour valoriser nos travaux d’études, de réflexions et de propositions
La modernisation de nos outils de fonctionnement et de communication est en marche. Nous allons encore gagner des adhérents. Nous allons gagner en audience.
Avec les permanents du siège et leurs collègues du Club PRESCRIRE et du GEPA, que je remercie pour leur investissement jamais démenti, nous allons faire de 2014, une belle année.
Je n’oublie pas non plus nos partenaires sans lequel l’Unsfa ne pourrait exister, et je vous remercie très chaleureusement, industriels du Club Prescrire, partenaires réguliers ou nouveaux auxquels je souhaite la bienvenue.
Merci à la presse professionnelle qui a relayée nos actions tout au long de l’année, sans oublier notre lettre mensuelle destinée aux adhérents, et bien sûr notre revue trimestrielle Passion Architecture. J’espère que vous prenez le temps de les lire !
Notre congrès de Paris a été un vrai succès avec plus de 1.200 participants, et ceci grâce à vous tous.
C’est un énorme challenge qui est lancé pour le congrès 2014 qui se tiendra à Saint Etienne, les 23, 24 et 25 octobre, mais je sais que la chambre syndicale de la Loire relèvera ce défi.
Dès aujourd’hui, nous comptons sur votre participation à la seule réunion annuelle de tous les architectes.
L’autre soir, un confrère syndiqué comparait l’Unsfa à une équipe de rugby : des actions fortes et des empoignades vigoureuses, mais menées par des gentlemen…
Vous avez autour de moi les membres du Bureau National et vous pouvez constater que nous n’avons pas tous un physique de rugbyman. Mais nous adhérons à ce concept et vous avez devant vous l’équipe qui gagnera ses futurs combats, avec vous tous.
Que 2014 nous soit faste, et que tous mes vœux vous accompagnent.
Marie-Françoise Manière, présidente